Ontario Institute for Cancer Research

Rapport annuel 2018/19

Shimin Shuai

Shimin Shuai

Trouver de nouveaux indices pour prévenir et traiter le cancer dans « l’ADN poubelle ».

Il y a quelques années seulement, certaines personnes auraient remis en question l’utilité des recherches de Shimin Shuai sur les mutations cancérigènes. C’est que les études de Shimin portent sur 99 pour cent du génome non codant, c’est à dire les séquences du génome qui ne sont pas traduites en protéines, ce qu’on appelait encore récemment « l’ADN poubelle ». Maintenant, grâce au travail de Shimin et d’autres chercheurs, on a découvert que cet ADN non codant joue un rôle important dans le développement de cancers et fournit des indices sur la meilleure façon de prévenir et de traiter cette maladie.

Shimin étudie l’ADN non codant dans le cadre du projet PCAWG (Pan-Cancer Analysis of Whole Genomes), un projet dirigé par l’IORC où les chercheurs travaillent à trouver les mutations cancérigènes dans cette partie du génome. Dans le cadre de son travail, Shimin a commencé par mettre au point un logiciel pour reconnaître les mutations génétiques cancérigènes. Puis, dans un autre projet, Shimin et ses collaborateurs à l’Hôpital pour enfants malades (SickKids) et en Espagne ont découvert un tout premier élément cancérigène au sein des petits ARN nucléaires, dans des régions du génome généralement ignorées ou éliminées pendant les analyses habituelles.

« Notre analyse nous a permis de trouver une mutation extrêmement récurrente dans les petits ARN nucléaires qui pouvait entraîner un épissage aberrant des gènes dans des centaines à des milliers de gènes trouvés dans les leucémies, les lymphomes, les cancers du foie et du cerveau et qui, par conséquent, pourrait contribuer à la croissance de ces cancers », explique Shimin.

Pour Shimin, ces réalisations sont la concrétisation de son souhait d’associer sa formation avec ses intérêts pour la biologie et l’informatique. Shimin reconnaît que les possibilités qui lui ont été offertes par l’IORC ont largement contribué à sa capacité à mener à bien cette recherche.

« Faire de la recherche à l’IORC comporte définitivement beaucoup d’avantages. Dans mon domaine, l’accès à des mégadonnées est essentiel. Le rôle de l’IORC dans l’hébergement de données dans le cadre de nombreuses collaborations internationales d’envergure m’a permis d’avoir accès à ces ressources importantes, dit Shimin. De plus, les liens de l’IORC avec les collaborateurs de l’Ontario, ses grappes de calcul et le collaboratoire sur le génome du cancer ont grandement facilité la réalisation de ce type de recherche. »

Au-delà des nombreuses ressources techniques à la disposition de Shimin, d’autres facteurs expliquent pourquoi l’IORC a constitué un excellent tremplin pour le début de sa carrière. « Ma formation est en biologie fondamentale, mais le fait de travailler à l’IORC m’a amené à réfléchir davantage aux aspects cliniques, explique Shimin. Ça m’a amené à accorder plus d’importance à la recherche translationnelle et à réfléchir sur la façon dont le travail que nous accomplissons au quotidien peut avoir des répercussions positives pour les patients. »

Arrivé en Ontario de sa Chine natale en 2014, Shimin souhaite faire des études postdoctorales dans le domaine de la recherche sur le cancer et, un jour, diriger son propre laboratoire dans la province.